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la sagesse innée du corps et l'expérience du "lâcher-prise" (katsugen undo)
1 février 2008

Comment j'ai découvert qu'on pouvait laisser le corps fonctionner en "pilotage automatique" (Katsugen undo)

    J'avais le vingtaine, je me sentais à l'étroit dans mon corps cuirassé "d'athlète de haut niveau", je sentais gronder en moi un grande insatisfaction malgré mon caractère plutôt content et joyeux. Bref, je savais pas quoi foutre de ma peau... Et je commençais à lire des bouquins de "développement personnel"; mais sans être jamais convaincu par toutes les méthodes et les conseils proposés... Mal barré mais pas paumé le mec. Car je n’ai jamais perdu ma boussole intérieure : 

   J’avais une chose en moi qui me disait « pourquoi diable nous autres les humains devrions-nous être obligés de faire tous ces trucs bizarres pour être bien dans notre peau alors que les animaux vivent très bien sans ça !? ».  La spiritualité,  la religion, la psychologie, la mélasse du marché du bien-être, etc… D’instinct je me suis toujours méfié de ces pratiques proprement humaines… Dire que je ne m’y suis jamais intéressé serait mentir ; mais mon intérêt pour ces bizarreries humaines n’a jamais dépassé l’intérêt livresque : je ne suis jamais passé à l’action, je ne me suis jamais converti à aucune pratique de « réalisation de soi » ou une quelconque méthode de santé. « Bizarres, vous avez dit bizarres, comme c’est bizarre. »…

   Une seule fois je me suis essayé à un « truc »: un jour je décidai de m'essayer à la méditation. L'auteur dont je ne me rappelle plus le nom parlait d'un léger balancement pendant la méditation. Cela me parlait parce que j'observais souvent ce balancement chez mon chat quand il se tenait assis. Alors, bien décidé à éprouver ce balancement qui m'évoquait la quiétude féline, je m'installai cérémonieusement sur un tapis d’orient les jambes en tailleur, fermai les yeux et respirai tranquillement. Le balancement en question ne se fit pas longtemps attendre. Le livre disait "laissez-vous aller à ce balancement". Docile, je pris ce conseil à la lettre...

    Bientôt mon balancement ne fut plus "léger" du tout: mon buste tanguait littéralement, mes bras commencèrent à bouger, ma tête tourbillonnait... J'étais pris dans un mouvement que je ne contrôlais pas le moins du monde. Il y avait un côté de moi qui paniquait et voulait reprendre la main de peur de devenir fou mais un autre côté de moi s'amusait de ce qui se passait et était assez curieux pour laisser faire...

   Cela ne dura pas plus d'un quart d'heure. Je sortis de ce tourbillon et de ces soubresauts trempé de sueur,  le corps parcouru d'étranges sensations et soulagé de ne pas être devenu foldingue. Mais j'étais déboussolé: ce qui venait de m'arriver ne collait avec rien que je connaisse. Ca dépassait du cadre de ma pensée. Je décidai, ne sachant vraiment pas comment "classer" cette expérience, que je n'étais pas fais pour la méditation: cela me rendait fou.

   Ce n'est que des mois plus tard, en tombant dans la bibliothèque de mon père sur deux conférences de Haruchika Noguchi à propos du Katsugen Undo (1), que je compris que j'avais vécu quelque chose de tout à fait naturel qui, au contraire de rendre fou, laissait s'exprimer l'harmonie naturelle de l'organisme.

 

  La (re)découverte du laisser-aller du corps-mental est la plus importante de ma vie d'adulte. De loin. Même si je ne m’estime pas aujourd’hui « sorti de l’auberge » je peux tout de même dès à présent affirmer que cela m’a « sauvé » la vie. Ma vie est redevenue simple et lumineuse grâce à l’abandon. Et si ce texte peu servir de déclic (comme les conférences citées plus haut l’ont été pour moi) à ne serait-ce qu’à une seule personne, ce serait « cool » comme on dit. Là je me dirai que je n’ai pas passé toutes ces heures comme un con devant mon écran pour rien.

   Et si dans cet essai je tente de dépolluer, de dépouillé le message de Noguchi de ses interférences inutiles, ce n’est pas pour combattre bêtement un corps de pensée, mais pour lui redonner la force et la vigueur de sa limpidité originelle : l’être humain est un animal comme les autres, et ça, c’est une chance merveilleuse

Advienne que pourra.

 

(1) le texte d'une de ces conférences est accessible depuis ce blog dans "le noguchisme expliqué aux non-initiés"

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Commentaires
O
merci animal humain spinoza die dans l ethique quelque cose comme :on ne sait pas ce que peut faire un corps c est sans doute la phrase la plus troublante de la philosophie tu m as aidé a en percer un peu le mystere
la sagesse innée du corps et l'expérience du "lâcher-prise" (katsugen undo)
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