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la sagesse innée du corps et l'expérience du "lâcher-prise" (katsugen undo)
1 juin 2007

Petit plaidoyer pour le « lâcher-prise » et la « santé automatique »

 

La santé automatique

   Le corps « sait » la santé, il est né dedans. La santé est l’état naturel du corps. Nul besoin de chercher la santé, pour la retrouver il suffit de laisser faire le corps, de faire confiance l’intelligence spontanée de l’organisme vivant. De lâcher-prise. Arrêter de faire semblant de savoir ce qu’il faut faire, comment on doit se comporter, comment on doit vivre pour être en « bonne santé ». Arrêter de faire semblant d’en savoir plus que ce que nous sommes : un organisme vivant au sein du Vivant. Se fier à l’intelligence spontanée du Vivant.

   Ne pas se conformer à un « comment vivre » : lâcher-prise. Ne pas se mêler de ce qui se passe. Ni en soi. Ni autour de soi. Laisser-faire, laisser-passer…

   Et il s’en passe des choses incroyables quand on ne fait rien ! Des choses déroutantes, intenses et régulatrices (loin d’être toujours agréables à vivre d’ailleurs !) qui font un bien fou. Le corps aspire à sa propre harmonie et il y retourne de bon gré quand on lui en laisse la possibilité. Naturellement. Pas besoin de se donner la peine de la chercher, de faire l’effort de la vouloir. C’est automatique. La santé est intrinsèque et immanente. Elle coule de source…

Le culte de l’usage du corps

   Dans notre monde compliqué « la santé » est considérée comme une sorte de gadget ou d’option possible dans notre état-d’être qu’il faut mériter à force de travail sur soi, d’efforts, de discipline, etc. Un homme bien portant est machinalement reconnu comme un individu méritant. Sous-entendu s’il est en bonne santé c’est qu’il a un comportement exemplaire et qu’il a une hygiène de vie recommandable. C’est quelqu’un de bien. Cette personne est responsable et elle est récompensée de ces efforts. Dans cette vue de l’esprit la santé est une sorte de carotte après laquelle on doit courir sans cesse au risque qu’elle nous échappe. Et les individus qui ne sont pas bien portants sont coupables de mauvaise conduite. « Faibles ». Ils méritent eux aussi ce qui leur arrive. Je caricature à peine notre vision conventionnelle de la santé si je dis qu’elle est assimilée à un sport de combat dans lequel il y a des gagnants et des perdants.

   Il y a ceux qui ont relevé le défi et qui en sont sortis vainqueurs et ceux qui ont perdus, voire qui n’ont même pas tenté le challenge par « laisser-aller » à leurs « bas instincts ». Les premiers, fiers de leur réussite, se croient obligés de nous abreuver de leurs conseils soi-disant avisés, et nous livre avec condescendance leurs recettes prêt-à-porter sur le « comment vivre » idéal qu’ils sont censés représentés. La santé est une histoire de routes, d’itinéraires, de voies tout tracées dans lesquels nous sommes invités à nous engager pour notre bien, et ces guignols exemplaires jouent dans cette mascarade le rôle de GPS sur pattes. Dans tous les cas l’intelligence spontanée du corps est niée et bafouée. Même si la rengaine usée jusqu’à la corde « il faut se fier à son instinct » est souvent répétée, il n’en est rien dans les faits. Toujours l’organisme vivant est relégué au rang d’un simple outil, d’un instrument dont il faut prendre soin et faire le bon usage. Nous vivons à l’ère d’une religion unique et polymorphe, celle de l’usage du corps. « Faire ceci, ne pas faire cela », chacun est invité à suivre les conseils de son prochain. Et chacun peut être amené à donner des conseils à son prochain. Je vous conseille (voir (1) en bas de page) de ne pas rentrer dans ce jeu-là… ni même de respecter ce conseil que je viens d’énoncer. Ni même de… etc. J

Ne rien faire

    Je ne partage pas du tout cette manière de voir. D’après mon expérience la santé me semble incluse dans le fonctionnement des choses. Les jeunes enfants et les animaux sont spontanément en bonne santé alors qu’ils se fichent éperdument d’une chose telle que « leur santé » -qui n’est qu’un concept. D’après moi il n’y a rien à faire en plus pour être à bien portant, il faut plutôt accepter de laisser-faire, se laisser-aller. Accepter la santé : arrêter de la refuser. Laisser s’exprimer le corps et sa nature. L’organisme vivant n’aspire qu’à sa propre harmonie en même temps qu’à celle de ce qui l’environne. Sans distinction.

   A force de comportements creux et de pensées inutiles on finit par compliquer les choses et nous embrouiller nous-mêmes. « L’organisme humain est on ne peut plus harmonieux, il est en parfaite harmonie avec le monde qui l’entoure. Seulement, en voulant imposer l’idée artificielle de « l’harmonie » tel que nous l’imaginons, nous détruisons l’harmonie préexistante qui est déjà à l’œuvre en nous comme partout. », comme dit U.G Krishnamurti.

Accepter de lâcher-prise

   Lorsqu’on accepte régulièrement de prendre des temps de lâcher-prise -de faire physiquement confiance à ce qu’on est, à ce qui est là et ce qui se passe tout seul sans l’aide de notre volonté (de notre contrôle ou de notre maîtrise)- le corps change. Notre manière d’être, de vivre le corps change et évolue. Le sentiment d’être à l’aise -bien dans sa peau- s’installe de lui-même chaque jour avec plus de force, et s’enracine une confiance en soi comme dans le cours des choses : ça va. Notre insatisfaction s’étiole…

    Cela ne veut pas dire qu’on a toujours la banane et qu’on va extrêmement bien en continu comme des robots condamnés à être mécaniquement heureux, constamment dans le même état, pas du tout ; mais que même si ça va mal ça va quand même : on accepte plus facilement d’aller mal sans s’y attacher outrageusement -ce qui facilite la traversée des événements. Vivre à fond les choses tout en les laissant couler (ou suivre leur cours). Le lâcher-prise suscite une acceptation plus ample du cours des choses et de son impermanence, tout en conférant une intensité aux choses vécues grâce à une détente plus profonde, donc à une plus large disponibilité. Malgré soi, au cœur des vicissitudes de la vie, que ce soit dans les hauts ou dans les bas : ça va… « Moins on se porte, mieux on se porte ! ».

La sagesse innée du corps n’appartient à rien ni personne

   Voici abordé brièvement ma manière de parler du lâcher-prise et une partie de ses possibles conséquences (dont je ne prétends pas avoir exploré toute l’étendue : je suis en chemin). Je ne vous demande pas de me croire sur parole (peut-être que je m’auto-illusionne ou que j’enjolive les choses pour me faire mousser). Je vous invite plutôt à constater par vous-mêmes et pour vous-mêmes si « c’est du l’art ou du cochon » ce que j’en raconte en tentant cette expérience gratuite et naturelle du lâcher-prise.

   Expérience du lâcher-prise, abandon à l’intelligence spontanée du corps, cette dernière que d’ailleurs je déclare ici officiellement (on s'amuse comme on peut) « source originelle de santé » : illimitée, n'appartenant à rien ni personne, ne nécessitant aucune connaissance, aucune conversion à une philosophie ou un art de vivre particulier, ni compétence, ni aptitude autre que celle d’être, ni le concours de qui que ce soit d'autre que vous-mêmes… Si cela vous intéresse, bien sûr. 

 

(1) Mais que suis-je en train de faire ici présentement, moi qui écris ces lignes sur « la santé » en vous conseillant de ne pas suivre les conseils sur le sujet ? Ne suis-je pas précisément en train de jouer le jeu que je vous invite à éviter ? Si, bien sûr… Si tant est que vous faire la suggestion de prendre du temps pour ne rien faire - pour vous ouvrir et laisser arriver ce qui a besoin d’arriver-  est un conseil alors je suis en pleine contradiction. Mais cela ne me pose pas un problème car je suis une personne pleine de contradictions, et je ne demande pas à être perçu autrement. Au contraire.

   Et comme le ne rien faire ou le lâcher-prise ne peut être nullement imposé de l’extérieur (car il ne peut ni être transmis, ni communiqué, ni appris par personne) il n’y a selon moi aucun mal ni danger à se contenter d’en parler. Je n’ai rien à vendre qui m’appartienne et n’ai aucun « service après parole » à proposer. Je me contente de parler d’une tendance naturelle du corps et du cours des choses.

 

 

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